Ce qui mine la société française et notre démocratie, serait-ce «la nostalgie» ? Nostalgie d’une image fantasmée des Trente Glorieuses où la croissance et l’industrie offraient à toutes et tous une vie merveilleuse faite de pavillons, de béton, de voitures et de robots ménagers ? C’est l’hypothèse que fait la députée écologiste Sandrine Rousseau dans son dernier ouvrage Ce qui nous porte (Seuil) dans lequel elle souligne le fossé qui existe entre la majeure partie des responsables politiques, nouveau gouvernement en tête, englués dans une vision croissantiste et consumériste datée, et une part de plus en plus grande de la société prête au «virage écologique et social». L’occasion de faire un point avec elle sur les annonces du Premier ministre, l’échec de la gauche après sa victoire électorale, et les récentes critiques de #MeToo.
De la dissolution de l’Assemblée nationale au discours de politique générale de Michel Barnier, quel regard portez-vous sur cette séquence politique ?
C’est un énième coup de force du libéralisme. J’y vois une volonté farouche de poursuivre le modèle fondé sur la croissance alors qu’il n’a plus de sens. Quoi qu’il en coûte. Quelle que soit l’ampleur de la colère, de la crise démocratique, il ne faut surtout rien changer. Nous vivons encore dans le mythe des Trente Glorieuses, selon lequel rien n’est possible en dehors de la croissance et du productivisme, et l’individu se définit uniquement par son rôle de consommateur.
Michel Barnier, c