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Libération
Chronique «Si j'ai bien compris…»

Sécurité, il n’y en aura pas pour tout le monde

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Si la tranquillité n’est obtenue ou maintenue que dans la lutte, son existence même est sujette à caution.
Ici, en 2022, à Toulouse, en toute tranquillité. (Victor Bouchentouf/Hans Lucas.AFP)
publié le 3 novembre 2023 à 23h53

Si j’ai bien compris, la sécurité, qui fut longtemps l’objet de moqueries, semble devenue un luxe inabordable. C’est comme les acquis sociaux qui paraissent de plus en plus précaires, il faut entretenir la sécurité plutôt que d’y laisser reposer ses deux oreilles. C’est quand on croit qu’on peut compter sur elle qu’on est le plus en insécurité. A force d’édifier des murs, on se retrouve dans un labyrinthe. Car la sécurité des uns n’est pas celle des autres. Les îlots de sécurité manquent de bien-fondé (et de sécurité) : ils ne servent pas uniquement à faire tomber les coureurs du Tour de France à chaque carrefour, ils sont indéfendables en tant que niches protégées dans un environnement de non-droit. Tout se passe comme s’il fallait plus d’une loi afin d’assurer la sécurité pour tous.

L’insécurité de l’emploi, l’insécurité climatique, l’insécurité économique, l’insécurité sanitaire, l’insécurité alimentaire et on en passe s’ajoutent à l’insécurité de base. C’est d’ailleurs bizarre qu’on ne soit pas mieux affermi contre elle, vu qu’on y est confronté dès le jour de notre naissance. D’un autre côté, on s’y est quand même assez fait, étant donné que la majorité de la population ne passe pas non plus son temps à vouloir se pendre malgré les nombreux arguments en faveur d’une telle solution. Il faut dire que