Si nous ne sommes pas capables de dénoncer à la fois le Hamas et la politique coloniale et militaire d’Israël, si nous ne sommes pas capables de pleurer à la fois les victimes du Hamas et les victimes de l’armée israélienne, si nous ne sommes pas capables de parler ou d’agir de peur d’être appelé·es «anti-occidentaux» ou «antinationalistes», alors nous devons assumer le fait qu’un jour on parlera de nous comme des plus grand·es criminel·les de l’histoire. On dira il y a eu Guernica, Auschwitz, Hiroshima, Srebrenica, Rwanda. On dira il y a eu Gaza. Un jour, les enfants d’une société qui écrira une autre langue et construira un autre monde se demanderont si nous n’avons pas vu, si nous n’avons pas su, si nous n’avons rien pu faire ou dire pour empêcher le massacre de milliers de civils désarmés. Ils se demanderont où nous étions, quels émissaires politiques nous avons envoyés où et pourquoi, quelle aide militaire ou économique nous avons apportée pour que la destruction d’un peuple sans Etat et sans armée puisse se faire en plein jour, sous les caméras du monde entier. Un génocide transformé en spectacle de masse. Il n’y aura même plus besoin d’historiographie. Où étaient-iels, les poètes, diront-iels, au milieu d’une armada de sages qui affirmaient que ce massacre (un de plus, encore, toujours) était non seulement nécessaire, mais indispensable ?
Les nouveaux visages sous lesquels le fascisme se présentera à l’avenir dans les sociétés prétendument démocratiques, comme nous ave