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Chronique «Interzone»

Sortilège à celles et à ceux qui ont permis la loi immigration, par Paul B. Preciado

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Ce sort est jeté aux personnes qui ont rédigé et voté ce texte de loi. Que les frontières que vous avez érigées se referment sur vous, que la nationalité que vous détenez vous soit retirée et, qu’à sa place, une fiche de «délinquant politique» soit créée.
Lors des questions au gouvernement sur la loi immigration à l'Assemblée nationale, le 20 décembre. (Denis Allard/Libération)
publié le 22 décembre 2023 à 12h21

Ceci est un désenvoûtement technochamanique à réaliser collectivement lors des festivités sacrées et païennes qui correspondent au passage des nuits les plus longues et des jours plus sombres de l’année, vers le retour de la lumière dans l’hémisphère Nord. Ce sort est dédié à tous celles et ceux qui ont rédigé la nouvelle loi française sur l’immigration, qui l’ont votée ou qui, s’étant abstenus de voter ou de lutter pour qu’elle soit modifiée, l’ont fait advenir dans le monde réel.

Que les frontières que vous avez érigées se referment sur vous. Que les lois que vous avez décrétées vous soient appliquées. Que la nationalité que vous détenez et que vous revendiquez comme si elle était un droit naturel vous soit retirée et qu’à sa place une fiche de «délinquant politique» soit créée pour chacun et chacune d’entre vous, avec votre nom et les noms de vos progéniteurs, vos empreintes digitales, votre sexe et votre photo.

Que vous connaissiez la répression partout et l’accueil nulle part. Que les conditions d’accueil vous soient toujours restreintes. Que ni l’amitié, ni le mariage, ni la famille ne puissent vous garantir le droit d’accueil. Que partout et à jamais vos demandes de permis de séjour soient refusées.

Que les frontières que vous avez érigées se referment sur vous. Que ni l’argent ni le pouvoir ne vous servent à les passer. Q