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Chronique «Historiques»

Sur les traces d’un passé «à soi»

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Recueillir et diffuser des archives méconnues permet de rééquilibrer le récit historique. A l’instar de la plateforme Big Tata qui propose des outils pour la documentation, l’autoformation et l’archivage des mémoires LGBT+ francophones.
par Clyde Marlo Plumauzille, Historienne, chargée de recherches au CNRS
publié le 23 mars 2022 à 17h34

Il y a quelque chose d’un retour aux archives qui se joue conjointement dans l’espace de la recherche et celui des luttes sociales depuis plusieurs années. On s’interroge sur ce qui fait archives, sur les traces qu’elles dévoilent ou qu’elles recouvrent, les voix qu’elles font entendre, mais aussi les expériences qu’elles peuvent susciter, les politiques de connaissance et de reconnaissance qu’elles peuvent accompagner. Parce qu’elles sont toujours le produit d’un geste de tri, d’une sélection, d’un acte de conservation distinguant l’«intéressant» de ce qui ne l’est pas, ce qui peut être rendu public de ce qui doit demeurer caché, ce qui doit rester de ce qui doit disparaître, les archives sont tout à la fois un objet documentaire, une pratique sociale et un construit historique et politique.

A ce titre, elles sont l’enjeu d’un rapport de force permanent. «Convoitées, disputées, négociées, partagées entre des acteurs très différents, administrateurs, historiens, archivistes, juristes, généalogistes et aussi, de plus en plus, écrivains et artistes, militants ou, simplement, citoyens», les archives forment un «objet frontière» «autour duquel se font et se défont des communautés au sein desquelles les historiens ne sont que des usagers parmi d’autres» (1).

Tout récemment, c’est en prenant à bras-le-corps ces questionnements croisés entre ce que les archives font à la société et ce que la société fait aux archives que Glad ! (revue semestrielle numérique sur l