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Chronique «Ecritures»

Tee-shirts, tote bags et impressions d’été

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Les inscriptions sur textile fleurissent aux beaux jours. Du message autodépréciatif, féministe ou politique… le cool se veut intentionnel pour le meilleur ou pour le pire.
publié le 8 juillet 2022 à 19h09

Terminons la saison sur une note de fraîcheur. Aux abords de l’été, on se vêt, surtout sur le quart nord-est de la France, de tee-shirts ; lesquels sont imprimés, depuis pas mal de temps, de messages en tout genre. Nous vivons à l’ère du sens tous azimuts : la fonction expressive du langage est à celui-ci ce que le tee-shirt est au vêtement, peu élaborée mais simple. Jean-Luc Godard disait jadis : «L’Europe a la culture, l’Amérique a les tee-shirts.» Ce n’est plus entièrement vrai (surtout la première partie de la phrase), mais c’était bien vu. Enfilons quelques messages que nous propose la rue, cette immense exposition à ciel ouvert.

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Remarquons d’abord qu’une majorité de tee-shirts restent vierges : c’est l’état zéro du système ; ça repose, mais c’est moins percutant. Il y a des fous qui croient qu’un corps non-tatoué est triste, pour faire une analogie avec l’ornement, ou qu’un mur blanc dérange, pour faire une analogie avec la décoration. Passons sur les simples porteurs de marques : on a eu Abercrombie & Fitch, Deleuze & Guattari (D & G), on a en ce moment Gucci, Boss, Fila, qui ornent la peau d’un prolétariat plus ou moins friqué. Certains de ces naïfs pensent-ils qu’on les rémunérera pour publicité participative ? En réalité ces gens ont souvent des problèmes identitaires. J’en veux pour preuve un récent supporteur de Céline qui semblait complètement ignorer la sortie de Guerre aux éditions Gallimard. Comme je croyais qu’il travaillait pour l’i