«Nous sommes artistes, écrivains, et producteurs de cinéma. C’est à ce titre que nous nous exprimons ici.» Ainsi débute la tribune de soutien à Gérard Depardieu (visé par trois plaintes pour viol et agressions sexuelles) signée par une cinquantaine de personnalités. Soyons honnête, ça démarre plutôt mal. Peut-on raisonnablement choisir de s’exprimer au seul titre d’une fonction dans ce genre d’affaire ? Peut-on envoyer sa part artistique faire le job, et laisser toutes les autres bien au chaud sous la couette ? Un citoyen n’est-il pas la somme de tout ce qu’il représente ? On aurait préféré qu’ils s’expriment au titre d’ami, collègue, connaissance, c’eût été plus honnête. Que défendent ces artistes ? Un autre artiste. Et pas n’importe lequel d’entre eux : «Le plus grand des acteurs. Le dernier monstre sacré du cinéma.»
Si on pouvait nous lâcher la grappe avec ces histoires de monstre sacré. Les monstres n’existent pas ; il n’y a que des humains ordinaires. Un acteur n’est rien d’autre qu’un acteur, et le cinéma rien d’autre que du cinéma.
Passe-droit compensatoire
Un peu plus loin dans la tribune, on trouve la phrase la plus déraisonnable du texte : «Lorsqu’on s’en prend à Gérard Depardieu, c’est à l’art qu’on s’attaque.» J’ignorais que Gérard Depardieu était le représentant de l’art en France. Il serait urgent de rappeler aux 50 défenseurs que Gérard Depardieu est avant tout un homme, un citoyen, un individu responsable de ses actes. Son métier d’acteur «à grand rayonnement»