La guerre déclarée aux sciences par l’administration Trump ouvre un nouveau chapitre dans l’histoire des rapports entre savoir et pouvoir. Michel Foucault nous a trop habitués à l’idée selon laquelle le pouvoir, loin de favoriser l’ignorance, est animé par la «volonté de savoir». En accumulant des connaissances sur la société, sur la médecine des corps, mais aussi sur les désirs des sujets, le pouvoir se donnerait, selon Foucault, les moyens d’anticiper les comportements, et par conséquent de les gouverner plus efficacement. Dans ce récit, le savoir n’est pas l’autre pouvoir, mais le moyen par lequel l’Etat s’empare de nos vies en se présentant comme l’institution qui nous connaît mieux que nous ne nous connaissons nous-mêmes.
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Foucault faisait d’Œdipe le premier personnage qui désire savoir pour mieux asseoir sa puissance. Le héros tragique mène une enquête scrupuleuse pour connaître les causes des malheurs qui s’abattent sur sa cité (Thèbes). Comme Œdipe ignore qu’il est lui-même cette cause puisqu’il a déclenché la colère des dieux en tuant son père et en couchant avec sa mère, son enquête le mène à sa perte. La vérité qu’il cherche, c’est lui-même. Quand il le découvrira, il décidera, mais trop tard, de ne plus savoir et se crèvera les yeux pour ne plus rien voir de sa propre culpabilité.
Les chercheurs ne sont plus que des trouble-fêtes dont il faut épurer les universités
Le moins que l’on puisse dire est que Trump et ceux qui l’entourent ne sont pas des personnages tragiques. En interdisant toutes les recherches qui portent sur le réchauffement clim