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Chronique «Si j'ai bien compris…»

Tu sais ce qu’elle te dit, la vérité ?

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Chronique «Si j'ai bien compris…»dossier
Il paraîtrait que les Françaises et les Français voudraient qu’on leur parle comme à des femmes et des hommes responsables. Non mais allô quoi ?
On nous parle toujours de compétence… en politique, la compétence première, c’est d’être élu. Ici, l’Assemblée nationale, au lendemain des législatives, le 8 juillet. (Albert Facelly/Libération)
publié le 26 octobre 2024 à 7h06

Si j’ai bien compris, femmes et hommes politiques de tous bords sont d’accord sur une chose qu’ils prétendent cependant être les seuls à réclamer : il faut dire la vérité aux Français (et aux Françaises). On se demande pourquoi maintenant, tout à coup. Et cette tâche incomberait aux politiciens, soit que leur profession les élève au-dessus de cette nationalité banale pour en faire des sur-Français, soit qu’ils veuillent se confesser de ce qu’ils pensent de la France et de ses indigènes. Toutefois, la compassion et la générosité, sans compter la pudeur si elle doit apparaître toute crue, imposent de ne pas déverser cette vérité sur n’importe qui, pour ne pas effaroucher les électeurs dont on ne souffre que trop de la susceptibilité.

Car elle est rarement bonne à dire, en particulier, quand elle sort du puits tout essorée. Et puis elle est versatile, à changer de camp pour une carotte ou un bâton. Il faut du talent pour que ce soit rentable d’asséner : «Vous êtes des cons (et des connes), des imbéciles qu’on flatte et qu’on roule dans la moutarde et qui votez n’importe comment. Vous êtes de la chair à élections qui nous confiez votre sort tout en ne nous faisant pas confiance. C’est ça, la France et les Français : le gouvernement des nuls par les nuls». A moins que, la sidération passée, cette avalanche de sincérité et de convictions ne déclenche un tonnerre d’applaudissements donnant doublement raison aux orateurs qui penseraient : un, c’est vraiment des nuls, deux, on les a d