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Libération
Chronique

Un enfant disparaît et l’ordre des choses est chamboulé, par Samira Sedira

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Disparition du petit Émiledossier
L’autrice revient sur la disparition du petit Emile, le 8 juillet au Vernet, et le trouble que ce type d’événement cause en chacun de nous.
Des gendarmes à la recherche d'Emile, le 10 juillet, au Vernet (Alpes-de-Haute-Provence). (Nicolas Tucat/AFP)
publié le 16 juillet 2023 à 12h32

Samedi 8 juillet, à l’annonce de la disparition du petit Emile dans un village des Alpes-de-Haute-Provence, nous avons été nombreux à nous glisser d’instinct dans la peau des parents. Pourquoi la disparition d’un enfant nous ramène-t-elle presque systématiquement à nos pulsions les plus compassionnelles ? Qui n’a pas déjà fait le rêve effrayant de perdre un enfant au milieu d’une foule compacte ? Qui ne s’est jamais réveillé en pleine nuit, dans un sursaut d’angoisse, avec la certitude d’avoir perdu la trace de sa progéniture ? Le mot perte ne désigne-t-il pas à la fois la disparition et la mort ? Il est d’ailleurs étonnant de constater que ces rêves disparaissent sitôt que l’enfant devient autonome et apporte les preuves de sa capacité à se débrouiller seul.

Fil invisible

La petite enfance, tout comme l’extrême vieillesse, est éminemment vulnérable. A l’âge d’Emile, on n’est rien sans le soutien des autres. On est comme ces plantes qui poussent sans tuteur ; au lieu de se redresser, on ploie. Sans la présence d’un adulte un enfant si jeune est à peu près certain de ne pouvoir survivre au-delà de quelques heures. Et ce, que l’environnement lui soit étranger ou familier.