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Libération
Chronique «Points de vie»

Un lâcher de vaches et de singes sur Paris, par Emanuele Coccia

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La biodiversitédossier
Et si l’on apprenait à cohabiter avec d’autres espèces que la nôtre ? A ouvrir la modernité aux non-humains, inventer autant de modernités qu’il y a d’espèces sur cette planète ?
«Imaginer une métropole qui ne soit plus anthropocentrique.» Ici, au Salon de l'agriculture, à Paris, en février 2023. (Paul ROUSTEAU/Photo Paul Rousteau pour Libéra)
par Emanuele Coccia, Philosophe, maître de conférences à l’Ecole des hautes études en sciences sociales (Ehess)
publié le 7 octobre 2023 à 11h47

En 2009, en réponse à la demande du président Nicolas Sarkozy de trouver de nouvelles idées pour le Grand Paris, Andrea Branzi, figure de proue du design radical italien des années 70, et Stefano Boeri, architecte qui deviendra quelques années plus tard une star mondiale avec la construction de sa forêt verticale à Milan, ont présenté une proposition pour le moins singulière. Le plan d’urbanisme prévoit le lâcher simultané de 50 000 vaches sacrées [en référence à la métropole indienne, ndlr] et de 30 000 singes dans les parcs et boulevards parisiens.

L’objectif serait double : d’une part, il s’agit d’imaginer une métropole qui ne soit plus anthropocentrique, capable d’une ouverture cosmique à la diversité la plus extrême. D’autre part, explique Andrea Branzi, «la présence d’animaux libres dans un tissu urbain crée une sorte de réduction du stress ; comme des élastomères insérés dans