D’abord, se désoler du meurtre d’Aboubakar Cissé, survenu dans cette mosquée du Gard. Se désespérer de la mort d’un croyant musulman qui était aussi «un homme fait de tous les hommes et qui les vaut tous et que vaut n’importe qui» comme se définit Sartre, à la fin des Mots, son autobiographie.
Ensuite, prendre part à un débat intéressant, même s’il n’est pas essentiel. Il y a ceux qui brandissent en talisman la notion fourre-tout d’ «islamophobie» et assimilent sans autre forme de procès les tueurs pathologiques de fidèles aux simples contempteurs de l’islam et aux virulents dénonciateurs de l’islamisme. De l’autre côté, il y a ceux dont je suis, qui préfèrent ne pas s’encombrer d’un tel lexique psychologisant, d’une telle pensée victimaire, d’un tel forçage identitaire. Je préfère à «islamophobie» la notion plus vaste de «haine anti-musulmans». Cette polémique linguistique cisaille et recompose les camps traditionnels. Elle voit les respectueux en remontrer aux blasphémateurs, les normatifs aux transgressifs et les émotifs aux rationnels. Elle met cul par-dessus tête des convictions que je croyais bien ancrées dans les petites cervelles de tout un chacun.
Je suis pire que laïc, je suis anticlérical
En 20