Depuis dimanche soir, un revenant est apparu sur les plateaux de télévision et dans les consignes de vote : celui du «front républicain». Après avoir répété sur tous les tons qu’il ne servait à rien de combattre l’extrême droite par la morale, une partie du camp présidentiel se souvient, au pied du mur, que la morale a un sens en politique. Sans elle, il ne reste que des arguments prétendument réalistes du style «le programme économique du RN est de gauche» ou «ils ne pourront pas mettre en œuvre leur politique contre l’immigration». Autant de manières de passer sous silence ce qui fait la singularité de l’extrême droite au point de ne même plus parvenir à la nommer, sinon à la veille du scrutin.
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Au moment où l’étendard du front républicain doit être relevé du sol où il a tant de fois été piétiné, il faut se demander au nom de quelle morale et de quelle république le brandir à nouveau. Le RN, après tout, a lui aussi un concept de république et il ne se prive pas de le mettre en avant contre une gauche qu’il est parvenu à diaboliser. Contrairement à ce que l’on dit, l’extrême droite a aussi une morale. On peut même dire qu’elle est «une morale», mais dans un sens bien particulier du terme.
La «morale républicaine» de l’extrême droite repose sur un mot magique, un mot équivoque, un mot piégé. Un mot qui permet d’associer l’éternel glorieux de la France et le présent de sa décadence, la norme idéale et sa chute empirique, la possibilité du salut et la menace de la disparition. Un