La semaine dernière, le procès du meurtre de Vanesa Campos s’est ouvert. Travailleuse du sexe abattue d’une balle dans le thorax au bois de Boulogne dans la nuit du 16 au 17 août 2018, son nom est devenu «le symbole des violences infligées à la communauté de travailleuses et travailleurs du sexe transgenre du bois de Boulogne» (Libération, 17 janvier 2022). A la barre, en qualité de témoin experte sollicitée par la famille de Vanesa Campos, Giovanna Rincon, présidente d’Acceptess-T, association de défense des personnes trans, témoigne de la situation dramatique des travailleuses du sexe trans dans les bois depuis la loi de pénalisation des clients de 2016 : «Toutes celles qui vont travailler n’ont pas le choix. Elles ont besoin de gagner leur vie et ont intériorisé le fait qu’elles étaient contraintes à prendre des risques pour survivre.» Il y a là quelque chose d’inédit qui se joue à ce procès dont la portée politique est pointée de toutes parts. Les premières concernées ont réussi à prendre la parole sur le sort que la République fait aux travailleuses du sexe, à se réapproprier le récit de la mort d’une des leurs et à faire sortir le meurtre de Vanesa Campos du registre des faits divers.
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