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Libération
Chronique «Interzone»

Walter Benjamin promeneur empêché du Paris olympique, par Paul B. Preciado

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JO Paris 2024dossier
Alors que les JO sont des projets urbains et immobiliers qui transforment la ville en spectacle et l’espace public en marchandise, les flâneries dans la capitale, si chère au philosophe allemand, relèvent d’une aventure dystopique.
Dans la gare RER qui dessert le Stade de France avant un match de la Coupe du monde de rugby, le 14 octobre 2023. (Agnès Dherbeys/MYOP)
publié le 15 mars 2024 à 15h48

Je me demande ce que Walter Benjamin penserait de l’actuel projet olympique de Paris s’il arrivait aujourd’hui dans la ville qu’il a tant aimée. Il connaîtrait certainement le même sort que le personnage principal du roman Sans nouvelles de Gurb d’Eduardo Mendoza, dans lequel un extraterrestre débarque à Barcelone en 1991, un an avant la célébration des Jeux olympiques (JO). Avant de pouvoir faire un pas vers les passages auxquels il a consacré une partie de son œuvre, Benjamin tomberait aujourd’hui, comme cela est arrivé au pauvre damné Gurb dans la Barcelone pré-olympique, dans l’un des nombreux fossés ouverts par les différentes entreprises qui réalisent des travaux de réforme de la ville.

Les nouveaux «passages» sont à l’intérieur de son smartphone

Une timide tentative de promenade suffirait à Benjamin pour constater que, dans le Paris immédiatement olympique, le flâneur est mort. Non seulement parce qu’iel risque de tomber dans un fossé, mais parce que s’iel parvient à s’en sortir, iel est condamné à marcher éternellement dans une cité miniaturisée, une «ville de quinze minutes» où règne la loi du télétravail et de la téléconsommation et où chaque voisin est sommé de ne pas dépasser son arrondissement. Le flâneur ol