«Un jour, je n’ai plus pu», écrit-elle en prologue. Elle a repensé à ces innombrables rapports auxquels elle s’était forcée, à ces fois où son plaisir était optionnel, où elle n’avait pas joui. «Un jour, j’ai arrêté le sexe avec les hommes», écrit Ovidie dans La chair est triste hélas (Julliard, sortie le 16 mars). C’était il y a quatre ans. Une grève du corps comme un acte politique, d’indépendance aussi. Ne plus se soumettre au regard des hommes et à leur désir, sortir du marché sexuel pour être en paix. S’octroyer le droit de ne pas faire l’amour. Fille née dix ans après la libération sexuelle, Ovidie a cru aux promesses d’indépendance et de jouissance partagée. Elle a joué le jeu et, à 42 ans aujourd’hui, elle se sent flouée, entre dictature de la séduction, violence masculine et oubli de soi.
Féministe, ex-militante du mouvement prosexe dans les années 90, devenue autrice et réalisatrice, notamment de l’excellent documentaire le Procès du 36 sur une «mauvaise» victime de viol, elle déconstruit depuis plus de vingt ans la mécanique entre les sexes. Dans La chair est triste hélas, elle se livre à une auto-analyse, sans concession, de son rapport à la se