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Analyse

Panthéonisation : a-t-on encore besoin de «saints laïques» ?

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Depuis la Révolution, la cérémonie fait office de baromètre de la mémoire républicaine. Mais cette canonisation des «grands hommes» témoigne d’une conception dépassée de l’histoire, ignorant les luttes populaires et collectives.
«Votre nom devra s’inscrire aux côtés de ceux qui ont tant fait pour le progrès humain, pour la France et vous attendent : au Panthéon», a déclaré le président Macron, le 14 février. (Albert Facelly/Libération)
publié le 21 février 2024 à 8h17

«Ses combats rejoignent les idéaux républicains.» C’est ainsi qu’Emmanuel Macron a justifié, dans une interview à l’Humanité, son choix de panthéoniser le résistant Missak Manouchian ce mercredi 21 février à 18 h 30. La formule marque le lien indéfectible entre roman national et Panthéon : y entrer, c’est être reconnu d’abord comme un héros républicain, et ensuite comme un militant communiste et internationaliste. Et c’est bien ce qui fait grincer des dents ceux qui critiquent les modalités de cette panthéonisation, voire l’existence même de ce lieu où la patrie se fait reconnaissante de ses «grands hommes».

Depuis la Révolution, «l’église» laïque fait office de baromètre de la mémoire et cristallise autour de ses hôtes les oppositions de droite comme de gauche. Parmi les noms les plus controversés se comptent Mirabeau, le premier à y entrer avant d’être exfiltré quand on découvre son passé monarchiste, mais aussi Jaurès, Zola ou Hugo, qui fut aussi royaliste. Par deux fois, il aura fallu déconsacrer le bâtiment, conçu sous Louis XV pour accueillir les reliques de sainte Geneviève, et rendu à l’Eglise par Louis XVIII, puis par Napoléon III. Depuis 1885, le lieu conserve sa fonction de temple d’une religion civique.

Un «monument de sexisme»

«Oui, la République a besoin de rituels, mais