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Entretien

Paul Audi : «On croit tout savoir des Juifs que l’on dénigre et insulte, mais on ne veut rien savoir du judaïsme»

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Avec son dernier livre «Tenir tête», le philosophe analyse le conflit israélo-palestinien par le biais de la correspondance de deux amis français. Avec la judéophobie comme thème central.
J’ai puisé dans mon imagination pour restituer l’angoisse que le pogrom et ses conséquences ont fait naître en chacun de nous, que l’on soit juif ou non-juif. (Jonathan Blezard/Libération)
publié le 27 septembre 2024 à 19h35

Philosophe auteur d’une quarantaine d’ouvrages, Paul Audi est spécialiste de Rousseau, et des liens entre éthique et esthétique. Son avant-dernier livre, Troublante Identité (Stock, 2022) se distinguait par son caractère autobiographique. L’intellectuel, né au Liban en 1963, arrivé en France en 1975 pour fuir la guerre civile et naturalisé français la même année, y disait, en martelant ce mot, la «honte» que lui inspire son pays natal. Il le qualifiait de «terre vaine», d’«espace létal»«la duplicité est un mode de vie». Un Etat qui répartit le pouvoir sur une «base communautariste» ne peut pas, selon Paul Audi, fonctionner.

Tenir tête (Stock), à paraître mercredi 2 octobre, s’inscrit d’une certaine façon dans la suite de Troublante Identité, puisqu’il y est question du Moyen-Orient, de l’antisémitisme qui y sévit depuis longtemps et s’est intensifié, comme en Occident. Rédigé en réaction au 7 Octobre, ce texte est loin d’être uniquement circonstanciel. S’y mêlent l’essai philosophique, l’histoire (notamment de la cohabitation entre Juifs et Arabes en Orient), et le roman épistolaire, puisque Paul Audi invente deux personnages : deux Français, un Juif et l’autre pas, qui commentent, par échanges de lettres et mails, les attaques du 7 octobre 2023.

Dans votre livre, vous ne dites rien du Liban, ni du Hezbollah, mais l’actualité vous rattrape…

Mon propos est la judéophobie au lendemain du 7 Octobre. Je devais donc