Existe-t-il une autre réalité, où la binarité des sexes et des genres ne fige plus les identités ? C’est celle qu’explore – et espère faire advenir – Paul B. Preciado avec son premier documentaire : Orlando, ma biographie politique (1). Le philosophe queer, chroniqueur à Libé, s’empare du personnage imaginé par Virginia Woolf en 1928 : un jeune homme qui vit plusieurs siècles et, au milieu du roman, devient une femme. L’aristocrate du livre se démultiplie à l’image et prend successivement les traits de 26 personnes trans et non binaires qui choisissent de devenir de magnifiques Orlando. Les moments clés du roman se mêlent aux récits intimes et douloureux de ces jeunes adultes qui évoquent leur transition entre moments de joie et expériences violentes, du changement de prénom à la prise d’hormones en passant par les modifications sur les papiers d’identité. Un personnage collectif apparaît, qui montre que toute vie individuelle est aussi le fruit de normes sociales que nous construisons collectivement. Le philosophe, élève de Derrida, poursuit ici son travail de déconstruction du genre comme élément naturel et immuable. Contre les violences pro