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Interview

Paul Magnette : «Il est important pour la gauche de porter l’idéal du travail»

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Le bourgmestre de Charleroi, en Belgique, courtisé par les socialistes français, poursuit ses recherches de politologue avec un essai sur le travail intitulé «l’Autre Moitié du monde». Il y défend une indexation des salaires sur l’inflation et plaide pour une meilleure reconnaissance des métiers de «deuxième ligne».
A Aigurande (Indre), en juin 2022. Extrait de la série «Prendre soin» de Valérie Couteron, sur les aides à domicile en milieu rural. Grande commande photojournalisme de la BNF. (Valérie Couteron)
publié le 14 janvier 2024 à 17h36

«Tu fais quoi dans la vie ?» Pour Paul Magnette, chef des socialistes belges, cette éternelle question prouve la centralité du travail dans nos vies et l’urgence pour la gauche de le mettre au centre. En attendant les élections législatives belges de juin qui se tiendront en même temps que les européennes, la figure politique poursuit un travail théorique autour des combats de gauche. Après l’écosocialisme en 2022 dans la Vie large, il veut réarmer le travail dans l’Autre moitié du monde (La Découverte).

Approché par le PS français pour être tête de liste aux européennes en 2019, il jure que ce n’est plus le cas. Proche d’Olivier Faure et de Raphaël Glucksmann, il salue «les nouvelles figures notamment féminines qui émergent» et croit en l’avenir de son parti. Sa nationalité lui permet de faire ami-ami avec tout le monde : il discute «des heures» avec Clémentine Autain, François Ruffin, «avec les Verts aussi». L’ingrédient magique pour rassembler la gauche serait-il belge ?

Votre titre semble diviser le monde en deux catégories, n’est-ce pas un peu réducteur ?

Il fait référence à ce chiffre qui m’a marqué : la moitié des travailleurs se disent heureux de leur travail, l’autre non. C’est aussi une phrase que j’aime beaucoup de Rabelais : «Il est bien vrai ce que l’on dit, que la moitié du monde ne sait comment l’autre moitié vit.» J’y vois une certaine droite arrogante qui connaît très mal la réalité sociale mais qui tient