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Interview

François Dedieu : «L’évaluation des pesticides est trop dépendante des industriels»

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Pour le sociologue, la focalisation sur les entreprises de l’agrochimie empêche de voir des problèmes plus structurants : la difficulté à revenir sur notre modèle de développement agricole intensif. Il faut aussi questionner la responsabilité du législateur qui a estimé, il y a des années, que ce n’était pas aux pouvoirs publics de payer pour des tests de toxicités.
Un fermier utilise du Roundup, le pesticide de Bayer-Monsanto dans son champ, à Piacé (Sarthe) en 2021. (Jean-François Monier/AFP)
publié le 18 décembre 2022 à 15h15

A défaut de supprimer les quelque 1 500 pesticides employés dans l’agriculture en France, arrivera-t-on à se passer du glyphosate ? Pas en 2022, les instances européennes ayant prolongé d’un an la possibilité d’utiliser ce produit «cancérigène probable», selon l’Organisation mondiale de la santé, et dont plusieurs études ont montré des effets nocifs sur la faune et la flore. La décision est intervenue alors que plusieurs pays remettaient en cause un projet de règlement européen ambitieux en matière de pesticides, puisqu’il prévoyait d’en réduire l’usage de 50 % d’ici à 2030. Cerise empoisonnée sur le gâteau : le 8 décembre, après quinze ans de procédure contre l’entreprise Monsanto (puis Bayer-Monsanto), on apprenait que l’agriculteur Paul François, qui avait contracté un cancer suite à une exposition à l’herbicide Lasso, ne toucherait que 11 000 euros d’indemnités, là où des cas similaires aux Etats-Unis se chiffrent en millions de dollars.

Une telle conjonction d’événements révèle la grand