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Entretien

Philippe Zawieja, psycho-sociologue : «Ce qui nous fatigue, c’est la négociation psychique permanente»

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Fatigue professionnelle, mais aussi informationnelle, compassionnelle, démocratique : depuis une bonne vingtaine d’années, les Français expriment une lassitude généralisée. Cette nouvelle façon de verbaliser la fatigue est devenue un vecteur de communication de soi, analyse le chercheur Philippe Zawieja.

(Amélie Graux /Libération)
Publié le 19/09/2025 à 17h27

C’est une constante qui interroge : à peine rentrés de vacances et nous sommes déjà fatigués. Pourquoi le bénéfice de longues semaines de répit s’envole-t-il aussi vite ? Serait-ce parce que le farniente estival n’est pas aussi reposant qu’il le devrait ? Depuis une bonne vingtaine d’années, la lassitude généralisée exprimée par les Français dépasse le cadre professionnel. Si 76 % des salariés se disent fatigués, selon un sondage Ekilibre-OpinionWay de juin 2025, on parle aussi de fatigue informationnelle, démocratique, voire compassionnelle…

Ni pure maladie ni pur mal-être psychique, la fatigue reste un ressenti insaisissable et filandreux qui existe surtout dès lors qu’il est formulé. Sur les 66 % des Français fatigués en 2022 (contre 47 % en 2000), les plus touchés sont les moins de 35 ans (78 %), les femmes (73 %, contre 57 % chez les hommes), les CSP –et les Parisiens. Dans un «Que sais-je» consacré à ce fléau de l’époque paru en août 2025, le psycho-sociologue Philippe Zawieja montre comment le capitalisme hypermoderne a façonné une économie de l’attention particulièrement épuisante, et appelle à redonner sa noblesse au repos voire à l’ennui.

Les sondages le montrent régulièrement, les Français sont de plus en plus fatigués… Co