Menu
Libération
Délinquance en col blanc

Pierre Lascoumes: «Pour protéger leurs intérêts, les élites s’extraient du droit commun»

Article réservé aux abonnés
La focalisation de l’opinion publique et des médias sur les «affaires» masque un système qui permet aux élites de fabriquer leurs propres règles, analyse le sociologue dans «l’Economie morale des classes dirigeantes», essai consacré à la délinquance en col blanc.
L’ex-ministre du Budget Jérôme Cahuzac lors de son procès pour fraude fiscale, en 2016. (CHARLES PLATIAU/REUTERS)
par Clémence Mary
publié le 31 mars 2022 à 18h56

«Les yeux dans les yeux». Pour répondre à diverses accusations, François Mitterrand, Jérôme Cahuzac ou Nicolas Sarkozy ont tour à tour utilisé cette expression comme gage de sincérité et d’honnêteté pour clamer leur innocence et reconquérir l’opinion publique. D’emblée, c’est sur un plan moral que se joue la transgression des lois par les élites, que le sociologue Pierre Lascoumes observe depuis trente ans. Mais les affaires, cristallisées autour de quelques figures – le couple Balkany, l’ancien président Sarkozy ou Orpea – ne sont que l’arbre qui cache la forêt. La focalisation médiatique dont elles font l’objet empêche de saisir les raisons structurelles qui permettent leur existence. C’est pourtant sur un système de croyances, de valeurs et de pratiques partagées que se fonde le séparatisme des classes dominantes, estime le spécialiste, directeur de recherche émérite au CNRS, qui en révèle les rouages dans l’Economie morale des classes dirigeantes (Presses de