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«Pour qu’il y ait révolution, il faut un peuple conscient de sa capacité d’agir»

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Nuit deboutdossier
Dans «Une histoire globale des révolutions», un collectif de chercheurs explore les ressorts des soulèvements populaires à travers le monde et le temps. Si le processus révolutionnaire prend des formes disparates, il naît toujours d’injustices et de déséquilibres sociaux encore à l’œuvre dans nombre de régions du globe, en Afrique ou en Asie, mais aussi en Europe. Entretien exclusif avec Ludivine Bantigny et Boris Gobille, deux des coordinateurs de l’ouvrage.
En 2022, à Téhéran, des Iraniennes manifestent contre le port du hijab. (Middle East News Agency/Abaca)
publié le 25 septembre 2023 à 16h42

Peut-on encore faire confiance à un mot qui sert à désigner un smartphone – «Ceci est une révolution», disait Steve Jobs de l’iPhone – ou qui fut en 2016 le titre d’un livre d’Emmanuel Macron ? «Le mot «révolution» est celui sans doute qui a le plus souffert de grignotements incessants, d’un méthodique travail de sape», écrit l’historienne Ludivine Bantigny. Et pourtant, elle est toujours là, parfois dans l’actualité et souvent dans les têtes. Il fallait bien y consacrer un (gros) livre, pour (re) prendre au sérieux ce terme important, qui croise «Printemps arabes», année 1917, embrasement en Amérique du Sud, révolutions africaines, et bien sûr la France de 1789…

C’est le projet colossal d’Une histoire globale des révolutions (La Découverte, sortie le 28 septembre), passionnante somme de plus de mille pages dirigée par cinq politistes et historiens : Ludivine Bantigny, Quentin Deluermoz, Boris Gobille, Laurent Jeanpierre et Eugénia Palieraki. A travers les travaux d’une soixantaine de chercheurs du monde entier, une définition minimale de la révolution comme «soulèvement populaire renversant l’ordre établi» s’enrichit au fil des cas d’études.

Le livre prend à rebours les analyses qui faisaient du XIXe siècle le grand siècle des révolutions, mais aussi la célèbre formule «la Révolution est terminée», lancée en 1978 par l’historien François Furet, ou encore l’idée que la «fin de l’histoire» post-guerre froide allait mettre un terme aux mobilisa