Lucie Castets ? Cachez cette Première ministre que je ne saurais voir. Cinquante jours après que les élections législatives qu’il avait manigancées ont porté la gauche en tête des formations politiques, le président de la République semble sombrer dans un déni de plus en plus embarrassant. Après avoir tenté un barrage à l’envers, laissant entendre aux électeurs qu’il refuserait leur choix si LFI devait faire partie du nouveau gouvernement, le voici piégé par un coup de l’insoumis en chef, qui n’a pas perdu tout son flair politique. Chiche, a donc répondu Jean-Luc Mélenchon, et quid donc d’un gouvernement de gauche sans aucun ministre de LFI, si ce mouvement s’engageait à le soutenir du dehors ? Tout en ghostant Castets à la manière d’un ado éconduit, la majorité sortante a phosphoré tout le week-end pour trouver une formule de rejet qui semblerait légitime aux yeux des Français, qui ont sacrifié leurs dimanches pour voter.
Interview
Alors que leur champion doit s’exprimer ce lundi après ses «consultations», la macronie cherche toujours à éviter un gouvernement dirigé par le Nouveau Front populaire, délégitimant au passage la gauche tout entière. C’est peu dire que la rentrée sociale risque d’être particulièrement suivie. L’Elysée rappelle encore et toujours que selon la Constitution, le président est le seul arbitre du choix pour Matignon, et que le vote des Français ne l’engage pas. «Ta justice, c’est ton utilité, ton plaisir, ton caprice.» Si ses mémorables ministres de l’Education nationale n’ont pas fait retirer les fables de La Fontaine du programme, Macron pourra relire celle de l’Homme et la Couleuvre, ou même se contenter du Loup et l’Agneau, bien utiles pour enseigner aux élèves de CE2 les éléments-types de la mauvaise foi. Tandis qu’il poursuit sa vindicte contre le frère, les bergers ou les chiens de Lucie Castets, il renforce dangereusement les vents contre la démocratie et le choix des urnes.