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TRIBUNE

Procès des viols de Mazan : ce qui lie «culture du viol» et pornographie, par Serge Hefez

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Le porno n’est pas la cause des viols subis par Gisèle Pelicot : il reflète la façon dont l’inconscient masculin s’articule avec la réalité sociale de la domination des hommes sur les femmes, analyse le psychiatre et psychanalyste Serge Hefez.
Photo issue de la série «Eros plastiques» (2006, France), d'Olivier Coulange. (Olivier Coulange/Agence VU)
par Serge Hefez, psychiatre, psychanalyste
publié le 11 octobre 2024 à 7h30

Cinquante et un hommes de 26 à 73 ans comparaissent devant la justice, tous accusés d’avoir violé Gisèle Pelicot, inconsciente et droguée par son mari. Ce procès sidérant interroge sur le caractère systémique des violences sexuelles commises sur les femmes par les hommes, «pas tous les hommes, mais tous des hommes». Une culture de la masculinité est mise en question, la domination masculine profitant largement à tous les hommes, y compris à ceux qui n’en veulent pas, et cette inégalité structure la société dans son ensemble.

Partout des femmes se rassemblent pour dénoncer le patriarcat et la violence masculine qui font le lit de la «culture du viol», des hommes s’interrogent sur leur propre masculinité toxique à ce point engrammée dans leur chair qu’elle réclame une énergie considérable pour être conscientisée et éradiquée. Car le viol relève bien davantage de la prise de pouvoir, de l’appropriation du corps de l’autre et de la réassurance de sa prop