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Chronique «Ré/Jouissances»

Quand le Soleil roi détrône les Roi-Soleil

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Chronique «Ré/Jouissances»dossier
La collision d’une canicule précoce et du scrutin législatif accélère les perturbations d’une époque qui voit la dérégulation climatique se doubler d’une désaffection démocratique.
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publié le 21 juin 2022 à 0h42

Longtemps, notre beau pays tempéré l’a cajolé en toute décontraction. Le Soleil était le petit prince des étés attendus et fêtés. Ce lion paresseux et débonnaire laissait doucement onduler sa crinière caressée par la brise de mer, tout à sa satisfaction de régner sans s’appesantir. Il était le pourvoyeur de bonheurs décolletés et d’ardeurs embuées. Il faisait mûrir melons dodus et abricots fendus, avant que ses cerises nous fassent des pendants d’oreilles. Il était certitude d’épis moissonnés et de farines légères au porte-monnaie. C’était avant que Poutine s’acharne à faucher en Ukraine le blé des libertés.

«Soleil», le mot laissait envisager vacances et insouciance, beaux jours et amours débutantes, marques de maillot et nuques rafraîchies avant d’entrer dans l’eau. C’est fini, l’astre du jour est désormais une pandémie d’une nature autrement sérieuse que le Covid-19. Ses canicules sont autant de vagues qui cognent contre les parapets branlants élevés à la diable par une humanité imprévoyante et prise de court. La malignité du bon bougre devenu satrape fourchu tient au fait que la périodicité de ses agressions n’est pas réglée comme le lunaire horaire des marées. Il peut frapper l’hiver, au point qu’on se réjouisse bêtement de la douceur infusée dans la tristesse des ciels. Mais quand il cogne au solstice de juin, la panique met la main au collet d’un Hexagone qui commence à admettre que la note va être