Cromer, bord de mer. Ce n’est pas dans un bureau, mais dans la cave tapissée de livres de sa maison du Norfolk, dans l’ouest de l’Angleterre que Henry Gee nous reçoit pour un café littéraire virtuel. Lentement, il enfile un imposant casque noir sur ses oreilles et installe son micro de podcasteur. A première vue, l’individu ne ressemble guère à l’image que l’on se fait d’un scientifique d’élite : bouc de biker, boule à zéro et chemise hawaïenne aux reflets rose et turquoise, du genre à traverser la Californie sur une Harley. A 61 ans cet ancien rockeur, qui s’adonne désormais au blues et ambitionne de devenir le meilleur organiste du North Norfolk est surtout l’un des puissants rédacteurs en chef de la revue Nature, référence mondiale en matière d’actualités scientifiques.
«De San Francisco à Berlin, en passant par Shanghai, Nature a des bureaux partout dans le monde. Je ne croise pas souvent certains de mes collègues les plus proches», raconte Henry Gee. Fondée en 1869, la revue britannique dénombre 130 collaborateurs. Rédacteurs en chefs, journalistes scientifiques ainsi qu’un large réseau d’experts y publient chaque année quelque 800 articles sur environ 10 000 propositions.
Dotée de l’un des plus hauts facteurs d’impact – indicateur qui estime la vi