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Essai

Relecture du «Petit Chaperon rouge» : le loup n’est pas dans la forêt, il est dans la maison

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Dans «De grandes dents», la professeure de lettres Lucile Novat émet une hypothèse audacieuse sur une interprétation universellement refoulée du «Petit Chaperon rouge». Et si le plus grand des dangers n’était pas dans la forêt ?
Illustration des «Contes» de Charles Perrault par Gustave Doré. (Gustave Dore/Leemage. AFP)
publié le 21 septembre 2024 à 5h19

Dans son ouvrage De grandes dents : enquête sur un petit malentendu (éd. La Découverte), la professeure de lettres Lucile Novat met en lumière une hypothèse étonnante, et pourtant évidente, jamais lue auparavant, sur le Petit Chaperon rouge. Son interprétation est tellement limpide qu’elle en est vexante. Et ni Bruno Bettelheim, le psychanalyste spécialiste des contes, ni Yvonne Verdier, l’ethnologue qui s’est tant intéressée aux loups-garous des contes, ni même Jennifer Tamas, professeure de littérature à Rutgers University (New Jersey) et autrice de plusieurs livres sur le sujet, n’avaient osé la formuler. Pourquoi autant d’aveuglement ? Parce que sa thèse est indicible, impensable. Tellement insensée, même, que Lucile Novat avance, en introduction, qu’une fois que le lecteur l’aura lue, il l’oubliera. Il la refoulera.

«Travail d’orfèvre»

Reprenons ce conte que tout le monde connaît par cœur. Une petite fille harnachée d’une cape rouge sang est envoyée par sa mère dans une forêt dangereuse pour aller déposer à sa mère-grand des galettes et un