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Présidentielle

Rémi Lefebvre: «La gauche ne sait plus qui elle représente»

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Gauche 2022 : le grand embouteillagedossier
Ecartelée entre une approche populiste, une tendance sociale-démocrate et une vision écologiste, la gauche ne fait plus le travail de production idéologique qui permettait de faire bouger l’opinion publique. Sa crise relève d’un problème d’offre politique plus que d’une demande, selon le politologue.
«Un des problèmes de la gauche est qu’elle se révèle incapable de peser sur l’agenda électoral et politique.» (Severine Scaglia/Libération)
publié le 20 mars 2022 à 9h34

Dominée sur de multiples fronts, économique, idéologique, culturel – du moins à court terme, la gauche est en miettes à moins d’un mois du premier tour de l’élection présidentielle. Elle ne sait plus à quels électeurs elle s’adresse, inaudible, alors que des espérances potentiellement situées à gauche – demande de justice sociale et d’égalité, lutte contre le réchauffement climatique – continuent de traverser la société française. Dans Faut-il désespérer de la gauche ? (Textuel), Rémi Lefebvre, professeur de science politique à l’université de Lille et chercheur au Centre d’études et de recherches administratives politiques et sociales (Ceraps), dresse un implacable état des lieux des forces progressistes et des raisons de leur échec. Un constat accablant mais pas irréversible ?

La guerre en Ukraine n’arrange pas les affaires de la gauche…

Un des problèmes de la gauche est qu’elle se révèle incapable de peser sur l’agenda électoral et politique. Elle n’oriente pas l’ordre du jour qui est décisif en politique. La crise ukrainienne n’arrange rien bien sûr. La gauche pouvait espérer avec l’entrée en campagne un rééquilibrage de l’agenda autour de ses marqueurs comme l’écologie ou le pouvoir d’achat. La non-campagne la pénalise d’autant qu’elle active un réflexe légitimiste autour du président sortant du type «The rally “round the flag” effect (1)» . Par ailleurs, la gauche donne à voir des divisions sur le fond. Les écologistes et les socialistes cherchent à affaibl