Chère Golshifteh,
Je suis l’un de vos quatorze millions d’abonnés sur Instagram et je dois vous avouer que vous êtes ma principale source d’information sur l’Iran. C’est à travers vos posts et vos stories que je découvre cette révolte de femmes échevelées, que je prends fait et cause pour la jeunesse qui s’attaque à nouveau aux mollahs. Grâce à vous, j’ai l’impression de batailler par procuration contre leur théocratie poisseuse, leur croyance vérolée, leur pudibonderie morose, et contre cette insupportable manière de régenter le moindre moment de vie, d’encager mœurs et distractions, de réglementer tenues et attitudes.
Vous êtes mon relais d’opinion et mon agent de liaison avec un pays que je connais mal. Vos colères et vos exaltations emportent mon adhésion plus sûrement que les analyses géopolitiques les plus avisées. C’est comme si vous, l’exilée interdite de retour, étiez elles et eux. C’est comme si vous étiez cette danseuse qui virevolte dans la nuit, qui fascine le feu et fait flamber de surprise le brasero où elle vient brûler son voile, blasp