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Le Libé des historien·nes

Rika Benveniste, Thessalonique au cœur

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Méconnue en France, l’historienne grecque a noué à sa famille et à sa ville ses recherches sur la communauté juive de son pays.
Le lotissement 151 où étaient hébergés les Juifs à Thessalonique avant la Seconde Guerre mondiale. (DR)
par Annette Wiewiorka, Directrice de recherches honoraire au CNRS
publié le 9 octobre 2024 à 12h36

A l’occasion des «Rendez-vous de l’histoire», qui se tiennent à Blois du 9 au 13 octobre 2024, les journalistes de Libération invitent une trentaine d’historiens pour porter un autre regard sur l’actualité. Retrouvez ce numéro spécial en kiosque jeudi 10 octobre et tous les articles de cette édition dans ce dossier.

Le soleil vient de se coucher. Rika s’est attablée aussi près que possible de la mer, les pieds dans le sable. Le serveur la salue chaleureusement. Des chiffres peints sur la façade du restaurant datent son ouverture : 1883. Des olives, une ribambelle de poissons frits gros et petits, du poulpe, ne tarderont pas à occuper les nappes blanches en papier. Ils accompagnent les mignonnettes de tsipouro, une eau-de-vie anisée ou non, inventée à Volos. Cette ville moyenne, à mi-chemin entre Athènes et Thessalonique, aux portes du Peillon, est une destination touristique populaire pour les Grecs. Son port est le troisième du pays, et elle abrite l’université de Thessalie. Rika Benveniste y est professeur d’histoire de l’Occident médiéval.

Complicité intellectuelle

Née en 1959 au sein d’une famille éprouvée par l’histoire, elle a quitté Thessalonique à 17 ans pour étudier à l’Université hébraïque de Jérusalem. Puis munie d’une licence, débarque à Paris six ans plus tard, et inscrit à la Sorbonne une thèse, sous la direction du médiéviste Robert Fossier : Stratégies judiciaires et