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Robert Badinter : «L’abolition de la peine de mort, une conviction qui me possédait»

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Robert Badinter est mort ce vendredi 9 février. Nous republions l’interview qu’il nous avait accordée en 2021 à l’occasion des 40 ans de l’abolition de la peine de mort.
Robert Badinter, chez lui le 20 septembre. (Roberto Frankenberg/Libération)
par Julie Brafman, Sonya Faure et photos Roberto Frankenberg
publié le 29 septembre 2021 à 18h07
(mis à jour le 9 février 2024 à 11h40)

«Le Sénat me pardonnera si je dois m’exprimer avec une voix voilée. Ce n’est point l’émotion, ce n’est pas encore la conséquence de la fatigue ; c’est simplement le malencontreux hasard d’une rencontre avec une nappe de brouillard.» Le 28 septembre 1981, le garde des Sceaux, Robert Badinter, entame son discours à la tribune du Sénat. Quand il conclut, quelques instants plus tard, il sait qu’il faut convaincre : «Si vous considérez, en conscience, qu’aucun homme n’est totalement coupable, qu’il ne faut pas désespérer de lui pour toujours, que notre justice, comme toute justice humaine, est nécessairement faillible et que tout le progrès de cette justice a été de dépasser la vengeance privée et la loi du talion, alors vous voterez pour l’abolition de la peine de mort.» Les sénateurs n’ont que deux jours pour adopter le texte dans les mêmes termes que l’Assemblée nationale. In extremis, le 30 septembre 1981, l’abolition est définitivement votée.

Quarante ans plus tard, Robert Badinter reçoit Libération dans son appartement proche du jardin du Luxembourg, à Paris.