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Mémoire

Rokhaya Diallo et Azouz Begag : «Pour célébrer l’antiracisme en France, on baptise un parc Martin-Luther-King plutôt que Rachid-Taha»

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Quarante ans après la Marche pour l’égalité et contre le racisme, la mémoire de l’événement a très largement été occultée, constatent la journaliste et l’ancien ministre chiraquien dans un entretien croisé.
Rokhaya Diallo et Azouz Begag, à Paris, le 10 octobre 2023. (Cyril Zannettacci/VU' pour Libération)
publié le 12 octobre 2023 à 17h40

Aussitôt passé le hall d’entrée de Libération, Azouz Begag nous rappelle, un brin amusé, qu’il n’est pas «de gauche». Nous l’aurions oublié, pense-t-il ? Lui, l’auteur (1) de Gone du Chaâba (1986), vendu à plus de trois millions d’exemplaires, l’enfant des bidonvilles villeurbannais et fils d’ouvriers agricoles analphabètes, qui fut ministre délégué à la Promotion de l’égalité des chances entre 2005 et 2007 dans le gouvernement Villepin, en plein pendant les émeutes de banlieues ?

Quarante ans après la Marche pour l’égalité et contre le racisme – et non pas «Marche des beurs», un choix médiatique qui ne correspond pas à la terminologie initiale – partie de Marseille le 15 octobre 1983 après un été d’émeutes dans la banlieue lyonnaise, l’écrivain franco-algérien, 66 ans, garde un «goût amer» d’un mouvement social largement oublié.

Remédier à l’amnésie d’une mémoire sélective, c’est aussi le combat de la journaliste et réalisatrice Rokhaya Diallo, 45 ans (2) : il y a dix ans, son documentaire les Marches de la liberté tentait déjà de ravi