Qui dit «grand fleuve», dit Nil ou Amazone. Et le Congo ? Avec un débit de 40 000 m³ par seconde – record d’Afrique – et un cours de 4 700 kilomètres qui le place juste derrière le Nil, il fallait lui rendre justice. C’est ce que fait Roland Pourtier dans Congo : un fleuve à la puissance contrariée, premier opus d’une collection consacrée aux grands cours d’eau. Le géographe étudie la région depuis 1987. Il connaît bien ce bassin fluvial grand de presque 4 millions de kilomètres carrés avec sa vaste forêt, ainsi que les deux Etats qui s’y étendent : le plus vaste est la république démocratique du Congo (RDC, ex-Zaïre), l’autre est le Congo-Brazzaville. Tout en reprenant les passages obligés de la monographie (histoire, géographie physique, population, enjeux de développement), il propose un carnet de terrain et de souvenirs qui esquisse les forces et les faiblesses de la région. Aux grands projets qui perpétuent l’économie de la rente, il appelle à préférer des initiatives locales susceptibles de répondre aux besoins des habitants.
Vous expliquez que le fleuve Congo ne constitue pas une «colonne vertébrale» dans ce territoire, mais plutôt un «exosquelette». Que voulez-vous dire ?
En RDC, les zones les plus peuplées et les plus dynamiques se situent en périphérie. Le Congo n’est pas à l’origine d’une polarité spatiale : il traverse des contrées vides, le trafic fluvial y est très faible, la production hydroélectrique est u