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Entretien

Rose Lamy : «Je suis là pour rappeler qu’il y a des beaufs de gauche»

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Dans un nouvel essai intime, l’autrice féministe se réapproprie la figure du «beauf» et donne à la gauche des clés de lecture pour sortir du mépris de classe.
(Mathilde Van Gheluwe/Libération)
publié le 17 avril 2025 à 12h04

Avez-vous déjà traité quelqu’un de «beauf» ? La réponse est oui. Difficile pourtant de savoir qui précisément désigne ce mot d’argot, un dérivé du «beau-frère» croqué par Cabu au début des années 1970. Cinq jours après la première manifestation des gilets jaunes, en 2018, Laurent Joffrin posait la question dans Libé : «Insurrection des beaufs ou juste colère du peuple ?» Comme le dit l’humoriste Benjamin Tranié, «on est tous le beauf de quelqu’un». Bref, le beauf, c’est toujours l’autre, qu’il soit pas futé, pas cultivé, mal fagoté, raciste, misogyne ou tout ça à la fois.

Sans crier gare, la réhabilitation de cette figure repoussoir nous vient d’une féministe, Rose Lamy. En 2019, elle ouvrait le compte Instagram @Preparez_vous_pour_la_bagarre et tapait dans l’œil d’une éditrice de JC Lattès. Trois livres et 57 000 exemplaires vendus plus tard, la quadragénaire publie Ascendant beauf (Seuil, parution le 25 avril), un essai pour «explorer la fabrique du mépris social» et comprendre à quelle catégorie sociale elle apparti