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Libération
L'édito de Paul Quinio

Rapport de la Cour des comptes : peut-on encore sauver l’école primaire ?

L’échec de l’école pointé par le récent rapport de la Cour des comptes résulte d’une suite de mauvais arbitrages commis par les gouvernements successifs. Parmi les diverses défaillances, l’absurdité des rythmes scolaires est un exemple éloquent.
Les rythmes de la journée, de la semaine, de l’année sont, nous rappelle la Cour des comptes, «en décalage avec les besoins de l’enfant». (Camille MCOUAT/Camille McOuat pour Libération)
publié le 22 mai 2025 à 21h16

Parmi les raisons pointées par le rapport de la Cour des comptes publié cette semaine sur les défaillances de l’école primaire française, il en est une qui suscite plus que d’autres la colère tant le scénario était écrit à l’avance : l’absurdité de ce qu’il est convenu d’appeler les rythmes scolaires. Rythmes de la journée, de la semaine, de l’année, qui sont, nous rappelle la Cour des comptes, «en décalage avec les besoins de l’enfant». Une précision s’il en était besoin : cette question-là ne peut évidemment pas expliquer à elle toute seule l’échec de l’école à compenser les inégalités sociales que pointent les magistrats de la rue Cambon. Mais cette histoire de rythmes est très emblématique des bêtises commises en toute connaissance de cause par le pouvoir politique. Aucune personne ayant travaillé un tant soit peu le sujet ne découvre grâce à ce rapport que le choix de la France d’opter pour la semaine de quatre jours est un choix inepte. Il y a trente ans, et sans doute plus encore, les chronobiologistes alertaient déjà sur l’inanité de cette concentration sur quatre jours des heures de classe.

Alors pourquoi avoir plongé les deux pieds en avant dans un système qui ne met pas l’enfant au centre de la réflexion ? Le mystère n’est pas très épais. La droite, sous Nicolas Sarkozy par exemple, mais aussi avec Jean-Michel Blanquer, a préféré privilégier les intérêts économiques du pays, notamment du secteur touristique. Qu’importe le bien-être, et donc la capacité de concentration, des enfants. La gauche ? Si elle a tenté de s’écarter de cette maudite semaine de quatre jours, elle a aussi été sensible aux desiderata des enseignants, corporation historiquement acquise (c’est nettement moins vrai aujourd’hui). Droite et gauche ont également été sous une pression sociétale plus globale, les Français, en tout cas ceux qui en ont les moyens, étant désireux de mieux profiter de leurs week-ends. Pour toutes ces raisons, où se croisent des choix éducatifs mais aussi économiques et sociétaux, cette question des rythmes est édifiante. Mais malheureusement, si le diagnostic sur l’impasse de ces quatre jours est limpide, tout retour en arrière sera complexe.