La détention «perpétuelle» promise à Salah Abdeslam me semble un recul théorique et une erreur stratégique. Ne voyez aucune sensiblerie compassionnelle dans cette réprobation, même si ce verdict (trente ans, sans aménagement de peine) me parait en rupture avec l’humanité fervente dans laquelle a baigné ce procès des attentats de novembre 2015. Seul un souci d’efficacité dans la lutte contre l’obscurantisme autorise ma voix et guide mes pas.
Sans hésiter, je vais critiquer cette décision de justice. Je ne vois pas pourquoi je serais le seul à me contraindre à la retenue républicaine, tant l’opinion fait désormais loi et tant son tintamarre oriente les débats. L’institution judiciaire, qui n’est pas une vache sacrée et a le cuir épais, s’en remettra. Disons aussi que je demeure un contestataire qui grogne face à la moindre unanimité et qui a trop lu Michel Foucault.
A lire aussi
Dans les théocraties, la vérité divine s’impose à coups de knout et s’édicte à l’église, à la mosquée mais aussi à la barre. L’avantage d’une démocratie, c’est qu’elle supporte la critique quand elle ne la suscite pas pour s’en faire une alliée dialectique, façon judokate retorse. Une démocratie n’oblige pas à chanter à l’unisson les louanges du système. Elle s’en trouverait presque délégitimée si les applaudissements crépitaient trop fort. Mais cette roublarde