Une réforme de la maquette des internes de médecine générale va réduire par décret leur période de formation obligatoire dans le domaine de la santé de l’enfant à seulement trois mois contre six mois actuellement. Cette réforme est menée :
- alors que la santé, et tout spécialement celle des enfants est une priorité des Français,
- alors que la mortalité néonatale augmente en France depuis 10 ans, passant de la deuxième à la vingtième position en Europe,
- alors que la santé mentale des adolescents devient un enjeu majeur de santé publique, comme en témoigne la hausse des idées suicidaires et tentatives de suicide,
- alors que des rapports, comme celui des 1 000 premiers jours publié en 2020 préconisent d’offrir une «réponse individualisée, adaptée aux fragilités et spécificités de l’enfant et de ses parents» et d’«investir fortement dans la formation initiale et continue sur le développement précoce dans toutes ses dimensions»,
- alors que plus de 80 % des enfants sont actuellement suivis ou pris en charge dans un contexte d’urgence, par un médecin généraliste,
- alors qu’une réflexion de fond est menée depuis plus d’un an à travers les travaux préparatoires des Assises de la Pédiatrie et de la santé de l’enfant, dont les conclusions sont attendues dans les prochaines semaines
Nous médecins, pédiatres, médecins généralistes, internes de médecine Générale et autres professionnels de santé, nous parents et représentants d’associations de parents d’enfants atteints de maladie sévères chroniques ou orphelines, nous représentants d’association de défense des droits de l’enfant, déplorons un retour en arrière incompréhensible dans la formation des futurs médecins généralistes à la santé de l’enfant.
Dans un contexte de désertification médicale et de raréfaction importante des pédiatres dans de très nombreux territoires, les généralistes se trouvent en première ligne pour assurer les soins des enfants et adolescents malades.
Leur formation prévoyait à cet effet un stage de 6 mois à la santé de l’enfant au cours de leur 3e cycle universitaire. Ces stages se déroulent principalement dans des services de pédiatrie générale ou d’urgence pédiatrique des CHG ou CHU, mais aussi en PMI et dans des terrains de stage dédiés à la santé de l’enfant en ambulatoire. Les internes de médecine générale y sont confrontés à tout le panel des motifs de recours aux soins des nourrissons, enfants et adolescents qu’ils connaîtront dans leur exercice futur.
Ces stages en pédiatrie hospitalière sont appréciés par les internes de médecine générale dont la majorité reconnaît que 6 mois leur sont nécessaires pour se sentir à l’aise avec la grande diversité d’âge (du nouveau-né à l’adolescent) et de situations rencontrées en pédiatrie : pathologies épidémiques, maladies chroniques, enfance en danger, maltraitance, adolescents suicidaires, troubles du neurodéveloppement…
Ce socle de formation des médecins généralistes, lors d’un stage en santé de l’enfant, préliminaire à l’enseignement qu’ils recevront ensuite auprès des maîtres de stage universitaires en médecine générale, est aussi un vrai levier pour limiter les recours non justifiés aux urgences pédiatriques, pour développer la prévention et l’accompagnement à la parentalité et pour optimiser le dépistage et la prise en charge précoce de nombreuses maladies afin d’éviter des pertes de chance pour ces jeunes patients.
Pour toutes ces raisons, nous prions la ministre de la santé Catherine Vautrin, ministre du Travail, de la Santé et des Solidarités, Frédéric Valletoux, ministre délégué chargé de la santé et de la prévention, Sarah El Haïry, ministre déléguée chargée de l’enfance, de la jeunesse et des familles, de bien vouloir maintenir la durée actuelle de formation en santé de l’enfant des médecins généralistes et qu’une durée de 6 mois redevienne la règle.
Signataires : Dr Philippe Bensaïd, chef de service de pédiatrie et urgences pédiatriques de l’hôpital Victor Dupouy (Argenteuil), Hélène Berrué Gaillard présidente d’Alliance maladies rares (collectif de 240 associations), Dr Corinne Bois, médecin généraliste et vice-présidente du Syndicat national des médecins de protection maternelle et infantile. Nanterre, Dr Emmanuel Cixous, président du Conseil national professionnel de la pédiatrie ; Seclin Laure Dorey, directrice de l’AFME (Association maladies foie enfant), Dr Jeremy Do Cao, président du Syndicat national des pédiatres des établissements hospitaliers, David Fiant, président de Vaincre la Mucoviscidose, Dr Jean Gaschignard, chef de service de pédiatrie et urgences pédiatriques de Longjumeau-Orsay, Marc de Kerdanet, président de l’Association des jeunes diabétiques, Dr Agnès Linglart, présidente de la Société française de pédiatrie, Dr Sylvie Nguyen The Tich, présidente du Collège national des praticiens universitaires, Dr Béatrice Pellegrino, présidente du Collège des pédiatres hospitaliers hors APHP de l’Ile-de-France, Pr Loïc de Pontual, chef de service de pédiatrie hôpital Jean Verdier de Bondy, Dr Sébastien Rouget, président d’honneur de la Société française de la santé de l’adolescent, Claire Royer de la Bastié, présidente du collège national des infirmières puéricultrices, Pr Rémi Salomon, président de la Conférence des présidents de CME des CHU, Catherine Vergely, secrétaire générale de l’Union des associations de parents d’enfants atteints de cancer et leucémies, Dr Andreas WERNER président de l’Association française des pédiatries ambulatoires.
... ainsi qu’une centaine d’associations de parents d’enfants malades, une centaine de chefs de service et professeurs, plus de 400 médecins généralistes et internes de médecine générale, plus de 500 pédiatres, de très nombreux soignants et professionnels de santé, de parents d’enfants malades.