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Interview

L’écrivain arabe israélien Sayed Kashua sur le conflit entre Israël et le Hamas : «La seule voix qu’on entend, c’est celle de la vengeance»

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Guerre au Proche-Orientdossier
Réfugié aux Etats-Unis depuis près de dix ans, l’écrivain arabe israélien déplore la mise en sourdine des voix palestiniennes et l’absence de paroles rationnelles auxquelles se raccrocher.
A Gaza, ce jeudi 19 octobre 2023. (Mohammed Dahman/AP)
publié le 19 octobre 2023 à 19h41

Né d’une famille musulmane dans un village de Galilée en Palestine, l’écrivain et journaliste Sayed Kashua a rejoint Jérusalem adolescent et vécu sur le sol israélien jusqu’en 2014, entre deux langues, deux cultures et deux histoires. Il se définit comme Arabe, Palestinien et citoyen israélien ; une réalité qui concerne aujourd’hui environ 20 % de la population, et partagée par d’autres écrivains comme le poète Naïm Araidi (1950-2015). Si l’arabe est sa langue maternelle, c’est l’hébreu qu’il a longtemps choisi pour écrire : des chroniques hebdomadaires dans le Haaretz jusqu’en 2018 et des romans qui racontent depuis près de vingt ans le quotidien difficile des Arabes d’Israël, de manière plus ou moins autobiographique – les Arabes dansent aussi (Ed. 10-18, 2006 ; réédité aux Editions de l’olivier en 2015), la Deuxième Personne (2012), les Modifications (2019)… Après la guerre de Gaza de 2014, et pour fuir l’extrême-droitisation du pays, Sayed Kashua quitte Israël pour se réfugier dans l’Illinois avec sa famille ; aujourd’hui, il enseigne le cinéma et l’écriture de scénarios à l’Université Emerson, à Boston.

Profondément éprouvé par les attaques du Hamas et la riposte israélienne, le romancier, pacifiste, regrette l’absence de voix mesurées auxquelles s’identifier, de paroles permettant d’échapper au cercle de vengeance, de peur