Après le passage à tabac de Samara à Montpellier le 2 avril, la violence entre jeunes a causé jeudi 4 avril la mort de Shemseddine, adolescent de 15 ans à Viry-Châtillon (Essonne). Autrice de l’essai A l’école des mauvaises réputations («Education et Société», PUF), fruit d’une enquête de terrain dans quatre collèges franciliens, la sociologue Margot Déage analyse les effets de conformisme et de réputation qui s’exercent de façon différente chez les filles et les garçons, à un âge où toute transgression de la norme expose à un isolement, voire à des violences, en ligne ou dans la vie réelle.
Le meurtre de Shemseddine est présenté dans les médias comme un «crime d’honneur». Comment analysez-vous cette notion ?
Cette notion existe depuis l’Antiquité, et jusqu’aux années 1970-1980, le droit excusait ce crime dans de nombreux pays européens. Ce qu’on entend dans cette expression, c’est l’idée que l’honneur d’une famille, dans le registre traditionnel, repose sur la pureté des jeunes filles, et qu’on s’en prend à ceux qui la menacent pour protéger la réputation de la