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Entretien

Silvia Lippi et Patrice Maniglier : «Il y a dans #MeToo une énergie folle et inconsciente, c’est la sororité»

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Violences sexuellesdossier
Pour la psychanalyste Silvia Lippi et le philosophe Patrice Maniglier, la mobilisation met au jour de nouveaux liens sociaux nés du traumatisme partagé. Ces relations puissantes leur permettent de formuler une nouvelle proposition pour la pratique psychanalytique. Et si la figure mythique du père était remplacée par celle de la sœur ?
(Sole Otero/Liberation)
publié le 29 septembre 2023 à 13h33

Sur le divan, ils voient l’influence de #MeToo : des histoires personnelles bousculées, des relations amoureuses et sexuelles chamboulées. Quelle force, au-delà de la dénonciation des violences sexuelles et sexistes, mobilise les femmes depuis six ans et porte le sujet encore au sommet de l’actualité ? La force d’une sororité inconsciente, affirment la psychanalyste Silvia Lippi et le philosophe Patrice Maniglier, dans un essai qui paraît cette semaine : Sœurs. Pour une psychanalyse féministe (Seuil, 2023).

Mais une psychanalyse peut-elle vraiment être «féministe» ? L’ambition semble démesurée tant la discipline, centrée autour de la figure du père, s’est montrée normative et caricaturale envers les femmes : hystériques, frigides, incomplètes, dans l’envie du pénis. De Freud et Lacan, les deux auteurs sauvent une partie de l’héritage des «pères», rejettent les parties les plus réacs de leurs œuvres, et proposent de nouveaux mythes non plus centrés sur la figure du pèr