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Libération
Série «Ce qui nous lie et nous délie» (1/4)

Sophie Galabru : «En famille, l’amour n’apparaît qu’en laissant les êtres se séparer les uns des autres»

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Violences conjugalesdossier
Pour éviter que les réunions de famille de fin d’année ne tournent à «Festen», la philosophe donne des clés pour tenter de trouver la bonne distance avec nos proches. Elle rappelle qu’aimer, c’est accepter le temps et l’espace de l’autre en dehors du groupe.
«Le corps et les émotions sont des bons indicateurs lorsque notre espace psychologique et même physique est menacé ou étouffé.» (Clairéjo)
publié le 24 décembre 2023 à 18h57

SERIE «Ce qui nous lie et nous délie» (1/4)

L’enfer ? C’est les autres ! L’amour et la liberté en famille ? A l’heure des fêtes, des repas houleux ou bienheureux nous rappellent combien certaines attaches nous nourrissent quand d’autres nous emprisonnent. Distance à réinventer constamment avec ses proches, hospitalité avec l’étranger, partage des écrans en famille, contact avec la nature… Pour négocier cette période au mieux jusqu’au nouvel an, «Libération» explore la complexité de ces liens qui nous émancipent et nous aident à changer le monde.

«Famille, je vous hais !» la célèbre formule d’André Gide parle à tout le monde. Qui n’a pas connu un moment de crise dans sa vie familiale ? Etymologiquement, «la famille» désigne l’ensemble des personnes vivant sous le même toit. Mais existe-t-il un espace humain qui suscite autant de frustrations ? Est-ce parce qu’on exige de nos proches de l’affection, un lien authentique, comme l’a montré le sociologue François de Singly (1), qu’il y a toujours une part de déception ? On sait les ambivalences qui peuvent traverser la famille : liens d’amour et de désamour, de violence et de sécurité, de contraintes et de liberté.

Comment démêler la complexité de ces liens qui peuvent nous nourrir autant qu’ils nous abîment ? C’est ce que réussit la philosophe Sophie Galabru dans Faire famille. Une philosophie des liens (Allary Editions). Dans cet essai vivant, riche de ressources cinématographiques et de souvenirs intimes, la petite-fille de l’acteur Michel Galabru examine, des fondations à la recomposition, cette «machine à produire de l’appartenance».

Surtout, elle donne des clés pour s’émanciper de ces liens sans cesse retravaillés. «La famille est l’