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Chronique Ré/Jouissances

Supplique au singe et à sa sale variole

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Chronique «Ré/Jouissances»dossier
Insistante prière au primate tutélaire pour qu’il nous dispense de cette zoonose d’un nouveau genre qui pourrait venir troubler le récent apaisement sanitaire des fatigués du Covid-19.
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publié le 30 mai 2022 à 15h23

Je sais bien, mon joli ouistiti, que tu n’y es pour rien. Il est probable que la variole dite «du singe» qui prospère à bas bruit soit issue de sympathiques rongeurs, de ces tout petits écureuils si charmants, si enfantins, si économes de leurs noisettes. Mais que veux tu, voici un gros demi-siècle, dans un zoo du royaume du Danemark, la maladie fut repérée sur un de tes ancêtres. D’où ce baptême façon anathème. Depuis, tu as beau grommeler dans ta barbiche, tu es assimilé à cette pandémie rajeunie. Tu es seul à porter la faute originelle. C’est à toi qu’on adresse ses récriminations et que l’on demande des comptes. Tu es le bouc émissaire, et cela fonctionne d’autant mieux que tu es ce cousin dont nous sommes censés descendre, à la fois souche évolutive et proche imitateur.

Déjà, ton copain pangolin s’est retrouvé mis en cause pour le Covid-19. Les humains se comportent ainsi. Ils cherchent des responsables à leurs malheurs, sinon à leurs angoisses. Déjà, ils lynchent leurs semblables pour mieux se rassurer, s’évitant instruction à charge et à décharge. Alors, imagine quand il s’agit d’animaux comme toi, combien peu leur importe une enquête contradictoire.

Mon grand et doux primate, il serait de bonne politique pour ta réputation et pour ma tranquillité que tu mettes fin à cette efflorescence de bubons qui nous gâche le printem