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Interview

La réforme de l’AME «implique que les sans-papiers ne sont dignes d’être soignés que s’ils vont mourir»

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Pour l’économiste Philippe Batifoulier, la suppression de l’aide médicale d’Etat pour les sans-papiers est un non-sens. Bien loin des économies promises, cette décision menace l’ensemble de la population et aggrave un peu plus le démantèlement du système de santé publique.
Une médecin de Médecins sans frontières dans une centre de réfugié à Briançon (Hautes-Alpes) en mai. (Thibaut Durand/Hans Lucas)
publié le 10 novembre 2023 à 15h04

Le Sénat a adopté mardi 7 novembre la suppression de l’aide médicale d’Etat (AME), un dispositif instauré en 2000 permettant aux étrangers en situation irrégulière de bénéficier d’un accès régulier aux soins, accordé pour un an sous certaines conditions de résidence et de ressources, et dans la limite des tarifs de la sécurité sociale. Le texte prévoit de lui substituer une «aide médicale d’urgence», soit une réduction drastique du panier de soins proposés. Introduit par la droite sénatoriale, l’amendement fait partie du projet de loi immigration et a été adopté à 200 voix contre 136 ; en décembre, l’Assemblée nationale l’examinera à son tour et pourrait choisir de le retoquer.

Vendredi 10 novembre, deux sénateurs Les Républicains ayant voté cette suppression, qui sont également médecins, ont fait l’objet de plaintes devant l’Ordre des médecins pour violation du code de la santé publique. Le lendemain, une «déclaration de désobéissance» était signée par 3 500 médecins salariés et libéraux. Transmis à l’AFP, l’appel promet de «continu