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Libération
Entretien

Tania de Montaigne : «Ecrire, c’est forcément froisser des gens»

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Dans une satire, l’écrivaine dénonce les réécritures dans le monde littéraire et de l’art sous prétexte de ne pas heurter les sensibilités de chacun. Signe, selon elle, d’une emprise de l’ordre marchand sur les individus.
«Si un livre ne me plaît pas, je ne le lis pas, si une exposition ne me plaît pas, je n’y vais pas.» (Alexandra Serrano/VOZ'Image)
publié le 26 septembre 2023 à 15h03

Chez Feel good, on corrige les livres pour ne plus blesser personne. Chez Feel good, on vous veut du bien, à tous. La maison d’édition, fictive, est tirée du nouveau roman de Tania de Montaigne, mais la fonction est inspirée d’une pratique réelle. On appelle cela le sensitivity reading, consistant à faire un appel à un lecteur extérieur pour éviter les formulations véhiculant des stéréotypes – notamment sexuels, raciaux ou validistes. Dans Sensibilités (Grasset), fable dystopique réunissant – un peu trop facilement – la figure de Salman Rushdie, les violences policières et un milieu littéraire régi par une bienveillance quasi totalitaire, l’écrivaine Tania de Montaigne, par ailleurs chroniqueuse à Libé, règle ses comptes avec ce qui lui apparaît comme un excès de sensibilité.

En plein boom outre-Atlantique, cette forme de «consulting» littéraire a levé un vent de panique dans le Landerneau français où elle reste embryonnaire et mal documentée. Dernier soubresaut en date, la passe d’armes entre les romanciers – classés à gauche – Nicolas Mathieu et Kevin Lambert, auteur québécois dont le