«Les deux méthodes». Tel était le nom des deux stratégies qui régnaient à gauche en 1920 pour conquérir le pouvoir, opposant Jules Guesde, partisan d’une approche centrée sur la défense de la classe ouvrière, et Jean Jaurès, désireux de mobiliser le monde rural et la classe moyenne dans la défense républicaine. Un siècle plus tard, alors que le Nouveau Front populaire affiche ses divisions à la veille de la Fête de l’Humanité, sorte de baromètre annuel de l’union des gauches, les divergences incarnées notamment par le conflit entre François Ruffin et Jean-Luc Mélenchon sont-elles du même ordre ? L’historien Gilles Candar, spécialiste de Jaurès et auteur en 2022 de Pourquoi la gauche ? (PUF) juge révolue l’opposition entre réformistes et révolutionnaires, et estime que la gauche devrait tirer parti de sa diversité.
François Ruffin accuse Jean-Luc Mélenchon d’avoir abandonné une partie des classes populaires rurales au profit de celles des villes. De quand date ce reproche fait à une partie de la gauche d’avoir remplacé l’ouvrier par l’immigré ?
Il se fonde sur une note de Terra Nova en 2011, qui concernait davantage les socialistes. C’est un député PS plutôt droitier qui l’avait rédigée. Aujourd’hui, LFI n’est pas le seul parti à la peine dans certains milieux ouvriers, c’est valable pour toute la gauche. Même en réorientant fortement le discours communiste vers cet électorat qui lui est historiquement lié,