Avant un vote à l’Assemblée nationale le 12 mars, le président de la République a reçu jeudi 7 mars à l’Elysée les chefs des partis pour évoquer la situation en Ukraine, affirmant que le soutien français à Kyiv n’avait «aucune limite». En deux ans, entre l’invasion de l’Ukraine par la Russie et l’attaque du Hamas sur Israël, l’Europe a vu son environnement stratégique secoué et fragilisé. Thomas Gomart, historien et directeur de l’Institut français des relations internationales (Ifri) et auteur de l’Accélération de l’histoire. Les nœuds géostratégiques d’un monde hors de contrôle («Essais», Tallandier), insiste sur la nécessité d’une préparation intellectuelle et matérielle face à la nouvelle conflictualité du monde, sans occulter l’importance des solidarités stratégiques et environnementales qui sous-tendent toujours les relations internationales.
Depuis deux ans, la planète semble subir une «accélération de l’histoire», selon le titre de votre livre. Y a-t-il une forme de déni en France ?
On masque, par la communication, l’insuffisance de nos analyses. Or, il est nécessaire de ne pas prendre chaque conflit de manière isolée et de bien comprendre les effets de bord entre les différents théâtres. La Loi de programmation militaire 2024-2030 a été construite sur un scénario géopolitique optimiste aussitôt invalidé par les faits. Depuis qu’elle a été votée, la France s’est fait sortir du Sa