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TRIBUNE

17 octobre 1961 : de la «réconciliation» à l’humiliation, il n’y a qu’un pas

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17 octobre 1961, le massacre des Algériens à Parisdossier
Au lendemain de l’hommage rendu par Emmanuel Macron, des familles de victimes du massacre du 17 octobre 1961 venues se recueillir ont été évacuées de force par des CRS, niant la légitimité de leur présence sur un lieu emblématique du massacre.
Commémoration du massacre des Algériens du 17 octobre 1961, sur le pont Saint-Michel, à Paris, le 17 octobre 2021. (Serge Tenani/Hans Lucas. AFP)
par Sébastien Ledoux, Historien
publié le 21 octobre 2021 à 15h41

A mi-chemin entre observation scientifique et acte citoyen, nous nous sommes rendus devant la plaque commémorative du pont Saint-Michel à l’occasion du 60e anniversaire du massacre du 17 octobre 1961 à Paris. Quelques camions de CRS sur le pont et à quelques mètres de là, une centaine de personnes, des femmes et des hommes de tous les âges étaient alors présents devant cette plaque pour commémorer l’événement et rendre hommage aux dizaines de morts tués par des forces de police. Des bouquets de fleurs étaient régulièrement déposés et des photos de la plaque étaient prises seule ou en famille. Certains repartaient rapidement quand d’autres restaient pour discuter dans une ambiance calme et sobre, rejoints bientôt par de nouveaux arrivants. On pouvait voir à côté de la plaque une grande gerbe de fleurs du préfet de police de Paris, une autre de la mairie de Paris, déposées quelques heures plus tôt. Le lieu avait donc été reconnu comme un lieu public commémoratif par différentes autorités, par l’Etat et par la municipalité.

D’ailleurs, la première plaque en hommage aux morts du 17 octobre avait été inaugurée à cet endroit le 17 octobre 2001 par le maire de Paris de l’époque Bertrand Delanoë. Mais dans l’après-midi, un cordon de CRS était déployé, sans raison car il n’y avait aucun débordement, autour de la plaque