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TRIBUNE

17 octobre 1961 : un crime d’Etat à Paris, entre dénégation et euphémisation

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17 octobre 1961, le massacre des Algériens à Parisdossier
Soixante ans après les faits, il est temps qu’Emmanuel Macron reconnaisse le crime d’Etat que sont les massacres perpétrés par la police française contre les Algériens, estime le politologue Olivier Le Cour Grandmaison.
Le 17 octobre 1961, à Puteaux, des manifestants algériens arrêtés et mis sous surveillance policière avant d'être interrogés. (FERNAND PARIZOT/AFP)
par Olivier Le Cour Grandmaison, universitaire., Universitaire
publié le 14 octobre 2021 à 20h58

Jeudi 5 octobre 1961. Avec l’aval de son supérieur hiérarchique, le ministre de l’Intérieur, Roger Frey, et du gouvernement, Maurice Papon, préfet de police de Paris, impose aux «Français musulmans d’Algérie» de la capitale et de la banlieue un couvre-feu discriminatoire et raciste puisqu’il n’est opposable qu’à eux. C’est pour protester contre cette mesure que le FLN décide d’organiser, le 17 octobre, des rassemblements pacifiques en différents points de la capitale. La suite est désormais connue grâce aux ouvrages du regretté Jean-Luc Einaudi, et d’historien·ne·s algérien·ne·s, français·es et britanniques. Plus de 14 000 manifestants sont raflés – presque un sur deux –, puis transférés au Palais des sports, au Parc des expositions et au stade Coubertin transformés en lieux de rétention. Là, dans des conditions épouvantables, nombre d’entre eux sont battus et longtemps laissés sans soin ni nourriture.

A cela s’ajoutent plusieurs centaines de victimes, tuées par balle, précipitées dans la Seine, exécutées sommairement jusque dans la cour même de la préfecture de police de Paris. Un massacre ? Assurément et le plus important depuis la Seconde Guerre mondiale perpétré contre des civils pour des motifs politiques et raciaux. Après avoir sévi comme inspecteur général de l’administration en mission extraordinaire (Igame) dans la région de Constantine, entre 1956 et 1958, Maurice Papon est promu au poste que l’on sait en mars 1958. C’est ainsi qu’il importe dans la capitale un cert